« Enseigner, c’est apprendre deux fois »

Il y a quelques temps, on m’a proposé de donner une formation sur le Product Ownership à des consultants de mon entreprise. Je le prends alors comme un défi et j’accepte. Prendre la parole en public, tester mes compétences en essayant de les transmettre : l’idée me plait et me fait un peu peur en même temps. J’endosse le rôle depuis plus de 6 ans, mais entre faire et enseigner, il y a un monde.

Après 2 jours OFF pour me préparer, quelques week-ends et 3 soirées assez mouvementées plus tard, me voilà presque prête.

« Ils vont s’ennuyer » ; « Comment faire pour rendre la session vivante lorsqu’on est 100% à distance ?  » ; « Et si le contenu est trop basique… ou trop spécifique ? » . Heureusement, j’ai demandé à ce qu’un questionnaire leur soit envoyé en amont de la formation afin de recueillir leurs attentes. Cela m’a également permis de connaître leur niveau de séniorité dans le rôle de PO.

Quelques jours avant, le stress est au rendez-vous. En finissant de me préparer, je tombe sur la citation de Reid Hoffman (co-fondateur de Linkedin) : « Si vous n’êtes pas embarrassé par la première version de votre produit, c’est que vous l’avez lancé trop tard » . Peut-on considérer une formation comme un produit ? Embarrassée non… mais pas hyper à l’aise quand même…

Inspection & Adaptation

Comment pourrais-je proposer une formation qui me permette d’adapter le contenu au fur et à mesure de son déroulé, en fonction du feedback des participants et de mes apprentissages ? Pour essayer d’avoir ce mode de fonctionnement j’ai décidé de proposer la formation sous forme de 3 demies-journées successives. Déjà parce que passer une journée entière derrière un écran à emmagasiner de l’information, c’est long (même en mettant des ateliers entre les explications théoriques). En tant que participant, on s’ennuie et au bout d’un moment on décroche. Découper la formation comme ceci, m’a permis de l’envisager comme 3 itérations successives. Récolter du feedback petit à petit, apprendre à connaître les participants, et adapter ma trajectoire pour le lendemain.

Le contenu

Les serious games c’est bien, mais moi j’ai très souvent l’impression de rester sur ma faim. Pour cette session, j’avais envie de transmettre aux participants des choses pragmatiques, de la matière, des retours d’expériences de mes erreurs et des outils concrets. De l’inspiration pour gagner en séniorité dans leurs rôles. Une boîte à outils qui permette de remettre du sens dans leur contexte. En bref, que cette formation crée réellement de la valeur pour eux.

En ce qui concerne le déroulé, je l’ai envisagé les thématiques comme un entonnoir. D’abord un retour assez rapide sur l’importance de l’agilité et les bases de Scrum. Ensuite, on entre dans le concret en abordant le rôle du PO dans l’organisation, la stratégie et vision produit et le développement piloté par la valeur. Puis, se concentrer sur l’opérationnel : concevoir une roadmap produit, gérer un Product Backlog efficacement ou encore planifier et coordonner les releases. Pour terminer, je leur ai partagé la checklist du Product Owner et nous avons échangé autour des carrières dans le Product Management.

Ajouter du fun ?

Dans chaque « module » j’ai essayé d’engager leur participation, en faisant écho au rôle de PO dans leur contexte. Sans pour autant se prendre trop au sérieux : tourner certaines difficultés dans le rôle de PO et certaines situations à la dérision a permis de créer du lien et de développer l’empathie.

L’activité qui semble avoir le plus suscité leur engagement est le User Story Mapping.
Pour cet atelier, j’ai cherché un use case qui diffère du traditionnel « site de e-commerce ». J’ai donc choisi de les faire travailler sur une application mobile de rencontres. J’ai créé le contenu un peu en last minute et en clin d’œil à un ami coach agile qui m’a donné un coup de pouce, j’ai créé le persona à son effigie. Rebondissement lors de l’atelier : les participants l’ont reconnu ! (1)

Apprentissages

J’ai attendu les feedbacks de fin de session avec un mélange de hâte et d’appréhension. Finalement, ceux-ci m’ont conforté dans l’idée que ça valait le coup de sortir de ma zone de confort. J’ai testé ma capacité à transmettre et mis à l’épreuve (une fois de plus) ma capacité à prendre la parole en public, cette fois sur une session beaucoup plus longue. L’expérience est riche et j’en ressors avec des axes d’amélioration constructifs, que j’ai hâte de mettre en application. Vivement la V2 !

Si vous avez eu l’occasion d’endosser le rôle de formateur, je serais curieuse de connaître vos bonnes pratiques et retours d’expériences. N’hésitez pas à les partager !


Notes
* « Enseigner, c’est apprendre deux fois » – Joseph Joubert
(1) Ils ont même demandé à ce qu’il se connecte pour valider leur concept 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *